mardi 16 octobre 2007

Capsule culturelle: Pchum Ben

J'ai décidé de vous parler de la raison pour laquelle j'ai eu 5 superbes journées de congé la semaine passée. C'est à cause de la Fête des Morts, ou Pchum Ben en khmer, que j'ai pu m'éclipser du bureau pour participer à une retraite de yoga de 4 jours. Cette expérience inoubliable, et surtout des plus zen, est le sujet de l'article que j'ai "posté" il y a 5 minutes sur le blogue. J'en profite pour remercier celles et ceux qui lisent ce que j'écris ... c'est l'fun de savoir que je ne me parle pas toute seule.
Origine de l'expression "Pchum Ben": En référant au mot sanskrit "Binda" qui signifie les boules de riz qu'on offre aux mâmes pour la création de leur corps spirituel après le décès, on peut comprendre tout de suite la terminologie "Ben", en Khmer, précédé d'une particule "Pchum" signifiant "rassembler", dont le couple forme un composé: Pchum Ben. Le Pchum Ben est une fête traditionnelle que célèbrent presque tous les Cambodgiens vers le quinzième jour après de Kan Ben qui se déroule du 1er jour au 14ème jour décroissant du mois de Photrobot du calendrier lunaire où le ciel est voilé de grisaille dû aux nuages de pluie. Le Kan Ben est réservé au culte des morts pendant lequel Yâma, Roi des Enfers, monté sur un buffle, libère les âmes jugées coupables pour qu'elles viennent rejoindre un temps leur famille qui, d'après les mœurs et coutumes khmères, n'oublie jamais d'apprêter des mets et de confectionner des gâteaux tels que le Num Ansorm et le Num Korm faits respectivement du riz gluant additionné du lait de coco et garnis des ingrédients divers à l'intérieur et enveloppés par les feuilles de bananier cuit dans de l'eau bouillante et de pâte du même riz garnie à l'intérieur de la chair de coco sucrée, emballée également par les feuilles de bananier, mais cuite à la vapeur. Le dernier jour du mois de Photrobot, le 15ème jour de la lune décroissante, a lieu le Pchum Ben, jour le plus important. La veille, chaque famille cambodgienne, s'applique à la confection des friandises à base de riz gluant et des mets divers pour en offrir une partie aux vieux parents et le reste aux bonzes, aux amis et connaissances; alors les esprits de morts peuvent en avoir leur part en vertu du Dharma (la loi) officié par des moines ou des bougies allumées et baguettes d'encens. Alors les villageois, les citadins, surtout les vieux, se rendent à la pagode pour écouter des sermons quand la nuit vient et durant laquelle a lieu la célébration religieuse où les bonzes chantent les psalmodies.Quand le jour va poindre à l'horizon, les fidèles quittent pour un instant la pagode et y reviennent avec leur famille en portant soit à l'épaule, soit sur la tête, soit à la hanche, soit en voiture, des mets, des gâteaux, des offrandes, y compris le Bay Bettbor et les Bay Ben, qui sont préparés avec d'autant plus de soin. Le même jour, vers midi, on fait le Bangsukôl en demandant aux bonzes de réciter les prières pour le repos des âmes après avoir cédé tous les mets et friandises aux moines. (J'ai déniché cette information sur le site suivant: http://www.monoroom.info/modules/news/article.php?storyid=11 Les tournures de phrases sont parfois un peu spéciales mais l'info est là.)
J'ai eu l'opportunité de participer à cette fête grâce à mon amie Dalin. Pour celles et ceux qui ont suivi mes aventures au Cambodge, Dalin est la mariée du premier mariage auquel j'ai assisté. Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos moines. Nous nous sommes rendus à la pagode avec suffisamment de bouffe pour nourrir une armée. Et bien en arrivant là-bas, j'ai constaté que toutes les familles du village avaient fait de même. J'ai participé à la cérémonie du riz. Une quantité monstrueuse de riz avait été préparée pour ce rituel: chaque villageois a pris une grosse assiette de riz et a déposé une cuillérée dans le grand vase (ou chaudière pour vous donner une idée de la grosseur) de chacun des moines. Il y avait plus de 300 villageois dans la pagode! Il y avait environ 30 ou 40 moines à nourrir. Et ensuite toutes les familles se sont assises sur les tapis de pailles traditionnels pour manger à leur tour la bouffe communautaire. C'était tout simplement génial!
Voilà. C'était une autre petite incursion dans la culture khmère.

Retraite de yoga ... véritable passeport pour la zénitude

Wow! Fantastique! Merveilleux! Paradisiaque! Je manque de superlatifs pour décrire cette espérience inoubliable.
J'ai passé 4 jours au Angkor Village Resort & Spa à Siem Reap à faire du yoga 5 à 6 heures par jour, à me baigner dans une piscine en forme de rivière tropicale, à déguster la cuisine fusion Europe-Asie d'un réputé chef français et à me faire dorloter au parfum de jasmin. Je ne crois pas que j'aurai l'occasion de vivre ce genre d'expérience plusieurs fois dans ma vie. D'abord, côté yoga, j'ai progressé énormément en ce qui a trait aux postures mais aussi à la philosophie. Je me suis grandement améliorée en matière de "vivre et laisser vivre". Comme je suis une personne un peu exigeante, perfectionniste et soupe au lait (celles et ceux qui me connaissent bien le savent et se réjouissent sans doute à l'idée que je puisse m'améliorer), ça peut être difficile à croire mais je vous jure qu'il y a un soupçon d'amélioration. Bref, je crois que je suis un peu plus facile à vivre grâce au yoga. J'ai la chance d'avoir une prof de yoga extraordinaire. Elle prend le temps d'expliquer les trucs et elle adapte son enseignement à la personnalité et aux besoins de chacun. C'est agréable de constater des progrès tant au niveau du corps que de l'esprit.
OK. Il y en a sûrement qui ont arrêté de lire parce qu'ils se disent: "Ça y est, la voilà devenue complètement granole!" Ne vous inquiétez pas, le yoga peut faire partie de mon mode de vie sans que je sois obligée de manger de la tourbe et de marcher pieds nus dans la rue l'hiver.
Anecdote vraiment intense (avis à celles et ceux que j'ai connus au secondaire): Madeleine Laurent (prof d'espagnol) était au même hôtel que moi en fin de semaine! Elle ne faisait pas de yoga, elle visitait Angkor Wat avec ses petits-enfants.
Le monde est vraiment petit!

mardi 9 octobre 2007

Un de ces lundis ...

La première phrase qui me vient à l'esprit: "Quelle journée de marde!"
Un vrai lundi matin comme on en veut pas trop souvent! Tout commence à 7h15 du mat. Je dois me rendre à la compagnie de téléphone pour faire installer une ligne téléphonique à la maison car ma nouvelle coloc a proposé qu'on se "plug" à internet. Nous avons décidé de partager une connexion internet wifi avec les voisins alors ça ne devrait pas coûter trop cher. Je me pointe chez Télécomm Cambodia à 7h30 pour régler la ligne de téléphone ... une aventure bureaucratique en soi! Il y avait au moins 10 personnes qui se regardaient en train de ne pas travailler et moi ... on m'a dit d'attendre. On m'a attribué un numéro de téléphone que j'ai choisi dans une liste dactylographiée à moitié déchirée. J'espère qu'on nous a donné un numéro valide. Sans doute. Après avoir parlementé avec la préposée, en compagnie de ma voisine khmère (qui me donne accès au prix qu'on demande aux Khmers plutôt qu'au prix pour les expats), je devais courir au bureau car j'étais à la limite d'être en retard. J'ai dû payer 60$ cash ... il ne me reste donc que 20$ (putin, il faut que j'aille retirer pour payer ma retraite de yoga). En sortant de Telecomm Cambodia, je réalise que ma moto a un pneu à plat. Joie! Ma charmante voisine s'est gentilment offerte pour aller faire réparer le tout et sa soeur m'a ramenée à la maison pour que je puisse sauter sur mon vélo et arriver au bureau "fashionably late". C'est pas fini. Je suis arrivée au bureau avec la broue dans le toupet (c'est le cas de le dire car il fait très chaud et très humide ces jours-ci). Sur ma planification de la semaine, je devais partir en exploration pour dénicher les lieux du "shooting" de notre photo-roman ... mais c'était prévu pour mardi. Et là on me dit que ça serait mieux de faire ça aujourd'hui. OK. On part. Évidemment, je n'ai ni crème solaire ni anti-bibittes. En me faisant dévorer par les insectes, je ne pense qu'à la dengue. Cette aventure sur les routes de campagne des environs de Phnom Penh tombe le jour où j'ai invité mes collègues du Women's Rights Office à luncher au resto pour qu'elles nous parlent de leur séjour à Montréal. Je suis arrivée là "fraîche comme une rose" qui a passé l'avant-midi à marcher en gougounes dans le fumier et la gadoue sous un soleil plus que cuisant. Super lunch mais je dois quitter avant la fin car le "LICADHO car" m'attend pour une autre aventure de 4X4 dans l'après-midi. Je laisse 20$ à Mona avant de quitter pour qu'elle puisse payer la facture du resto. Calcul facile: il me restait 20$ en sortant de Telecomm Cambodia ce matin, il ne me reste donc plus une cenne! Et l'aventure de brousse est repartie! Je demande qu'on arrête chez moi pour ma crème solaire et mon anti-bibittes car il n'est pas question que je me ramasse avec la dengue + un coup de soleil. En s'en allant vers le potentiel lieu de shooting, les nids de poules (qui peuvent souvent accueillir le poulailler au grand comple) se succèdent ... et les minutes passent. Plus on roule, plus je me dis que c'est vraiment trop loin pour le shooting ... et que nous sommes en train de perdre un après-midi complet à rouler dans la bouette à travers les troupeaux de vaches. Mais c'était vraiment l'fun. Ce qui assombrit l'aventure, c'est que je n'ai qu'une journée pour déterminer les sites du shooting alors si on passe 4 heures à virer en rond en 4X4, mon travail n'avance pas. J'ai dû annuler ma leçon de khmer à 17h parce que j'étais toujours dans le 4X4. Je suis rentrée à la maison à 18h. Il ne me restait que 30 minutes pour aller retirer l'argent de mon séjour de yoga à Siem Reap et me rendre au cours de yoga. Arrivée au guichet automatique, pas d'argent dans la machine. Je remonte sur le vélo et je me rends à une autre machine ... vide elle aussi. C'est vraiment pas ma journée! Je n'ai pas d'argent pour payer mon trip de yoga ... et je n'ai pas d'argent point. J'arrive au cours de yoga en nage, prête à relaxer comme jamais (ici, un soupçon de sarcasme). Ça m'a fait du bien. J'ai retrouvé mes voisines et mes colocs en rentrant à la maison. Cette journée trop remplie s'est terminée par un bon repas et de la jasette en masse. Voilà. C'est un récit digne d'un téléroman sans doute. C'est un petit morceau de ma vie ici.
À bientôt pour le prochain épisode!